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Quelques moments après, le jeune prêtre et le socius, précédés de Samuel, entrèrent dans une des pièces que ce dernier occupait au rez-de-chaussée du bâtiment de la rue et qui donnait sur la cour.

— M. l’abbé d’Aigrigny, qui a servi de tuteur à M. Gabriel, doit bientôt venir nous demander, ajouta Rodin ; aurez-vous la bonté de l’introduire ici ?…

— Je n’y manquerai pas, monsieur, dit Samuel en sortant.

Le socius et Gabriel restèrent seuls.

À la mansuétude adorable qui donnait habituellement aux beaux traits du missionnaire un charme si touchant, succédait, à ce moment, une remarquable expression de tristesse, de résolution et de sévérité. Rodin, n’ayant pas vu Gabriel depuis quelques jours, était gravement préoccupé du changement qu’il remarquait en lui ; aussi l’avait-il observé silencieusement pendant le trajet de la rue des Postes à la rue Saint-François.

Le jeune prêtre portait, comme d’habitude, une longue soutane noire qui faisait ressortir davantage encore la pâleur transparente de son visage. Lorsque le juif fut sorti, il dit à Rodin d’une voix ferme :

— M’apprendrez-vous enfin, monsieur, pour-