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— Ah ! tant mieux, monsieur, dit presque involontairement le juif, frappé de l’angélique physionomie de Gabriel, car la noblesse et la sérénité de l’âme du jeune prêtre se lisaient dans son regard d’archange et sur son front pur et blanc, déjà couronné de l’auréole du martyre.

Samuel regardait Gabriel avec une curiosité remplie de bienveillance et d’intérêt ; mais sentant bientôt que cette contemplation silencieuse devenait embarrassante pour Gabriel, il lui dit :

— Le notaire, monsieur l’abbé, ne doit venir qu’à dix heures.

Gabriel le regarda d’un air surpris et répondit :

— Quel notaire… monsieur ?

— Le père d’Aigrigny vous expliquera ceci, se hâta de dire Rodin.

Et s’adressant à Samuel, il ajouta :

— Nous sommes un peu en avance… Ne pourrions-nous pas attendre quelque part l’arrivée du notaire ?

— Si vous voulez vous donner la peine de venir chez moi, dit Samuel, je vais vous conduire.

— Je vous remercie, monsieur, j’accepte, répondit Rodin.

— Veuillez donc me suivre, messieurs, dit le vieillard.