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vous me forcez d’entendre des choses si nouvelles, si extravagantes, qu’en vérité un peu de stupeur est bien permis.

— Je vous demande pardon, madame, vous êtes très-embarrassée, dit Adrienne en regardant fixement sa tante, M. d’Aigrigny aussi… ce qui, joint à certains soupçons que je n’ai pas eu le temps d’éclaircir…

Puis, après une pause, Adrienne reprit :

— Aurais-je donc deviné juste ?… Nous allons le voir…

— Mademoiselle, je vous ordonne de vous taire, s’écria la princesse, perdant complètement la tête.

— Ah ! madame, dit Adrienne, pour une personne ordinairement si maîtresse d’elle-même… vous vous compromettez beaucoup.

La Providence, comme on dit, vint heureusement au secours de la princesse et de l’abbé d’Aigrigny, à ce moment si dangereux.

Un valet de chambre entra ; sa figure était si effarée, si altérée, que la princesse lui dit vivement :

— Eh bien ! Dubois, qu’y a-t-il ?

— Je demande pardon à Madame la princesse de venir l’interrompre malgré ses ordres formels ; mais M. le commissaire de police demande à lui parler à l’instant même ; il