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une jésuitesse ; et quand on a vu un certain monde, on sait qu’il existe malheureusement beaucoup de ces affiliées, de robe plus ou moins courte[1].

Madame de Saint-Dizier, autrefois fort belle, avait été, pendant les dernières années de l’empire et les premières années de la restauration, une des femmes les plus à la mode de Paris ; d’un esprit remuant, actif, aventureux, dominateur, d’un cœur froid et d’une imagination vive, elle s’était extrêmement livrée à la galanterie, non par tendresse de cœur, mais par amour pour l’intrigue, qu’elle aimait comme certains hommes aiment le jeu… à cause des émotions qu’elle procure.

Malheureusement tel avait toujours été l’aveuglement ou l’insouciance de son mari, le prince de Saint-Dizier (frère aîné du comte de Rennepont, duc de Cardoville, père d’Adrienne), que, durant sa vie, il ne dit jamais un mot qui pût faire penser qu’il soupçonnait les aventures de sa femme.

Aussi ne trouvant pas sans doute assez de difficultés dans ces liaisons, d’ailleurs si commodes sous l’empire, la princesse, sans renon-

  1. On sait que les membres laïques de l’ordre se nomment jésuites de robe courte.