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est présumable que vous ne vous arrêterez pas en si beau chemin. Est-ce tout ?

— Pas encore… madame ; j’ai appris ce matin même que deux de mes parentes aussi par ma mère… deux pauvres enfants de quinze ans… deux orphelines… les filles du maréchal Simon, étaient arrivées hier d’un long voyage, et se trouvaient chez la femme du brave soldat qui les amène en France du fond de la Sibérie…

À ces mots d’Adrienne, M. d’Aigrigny et la princesse ne purent s’empêcher de tressaillir brusquement et de se regarder avec effroi, tant ils étaient éloignés de s’attendre à ce que mademoiselle de Cardoville fût instruite du retour des filles du maréchal Simon ; cette révélation était pour eux foudroyante.

— Vous êtes sans doute étonnés de me voir si bien instruite, dit Adrienne ; heureusement, j’espère vous étonner tout à l’heure davantage encore ;… mais pour en revenir aux filles du maréchal Simon, vous comprenez, madame, qu’il m’est impossible de les laisser à la charge des dignes personnes chez qui elles ont momentanément trouvé un asile ; quoique cette famille soit aussi honnête que laborieuse, leur place n’est pas là… je vais donc les aller chercher pour les établir ici dans l’autre apparte-