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En entendant ces exclamations lamentables, Adrienne fut sur le point de parler, de se justifier peut-être ; mais à une petite moue dédaigneuse qu’elle fit, on vit qu’elle dédaignait de descendre à une explication.

— Ainsi… cela était vrai ?… reprit la princesse. Ah ! mademoiselle… vous m’aviez habituée à ne m’étonner de rien… mais je doutais encore d’une pareille conduite… Il faut votre audacieuse réponse pour m’en convaincre…

— Mentir… m’a toujours paru, madame, beaucoup plus audacieux que de dire la vérité.

— Et d’où veniez-vous, mademoiselle ? et pourquoi…

— Madame, dit Adrienne en interrompant sa tante, jamais je ne mens… mais jamais je ne dis ce que je ne veux pas dire ; puis, c’est une lâcheté de se justifier d’une accusation révoltante. Ne parlons plus de ceci… vos insistances à cet égard seraient vaines ; résumons-nous. Vous voulez m’imposer une dure et humiliante tutelle ; moi je veux quitter le pavillon que j’habite ici pour aller vivre où bon me semble, à ma fantaisie… De vous ou de moi, qui cédera ? nous verrons ; maintenant… autre chose… Cet hôtel m’appartient… il m’est