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— Mademoiselle…, de tels éclats de rire sont peu convenables, dit l’abbé d’Aigrigny ; les paroles de madame votre tante sont graves, très-graves, et méritent un autre accueil.

— Mon Dieu ! monsieur, dit Adrienne en calmant son hilarité, à qui la faute si je ris si fort ? Comment rester de sang-froid quand j’entends ma tante me parler d’aveugle soumission à ses ordres ?… Est-ce qu’une hirondelle habituée à voler à plein ciel… à s’ébattre en plein soleil… est faite pour vivre dans le trou d’une taupe ?…

À cette réponse, M. d’Aigrigny affecta de regarder les autres membres de cette espèce de conseil de famille avec un profond étonnement.

— Une hirondelle ? que veut-elle dire ?… demanda l’abbé au baron en lui faisant un signe que celui-ci comprit.

— Je ne sais…, répondit Tripeaud en regardant à son tour le docteur ; elle a parlé de taupe… c’est inouï… incompréhensible…

— Ainsi, mademoiselle, dit la princesse, semblant partager la surprise des autres personnes, voici la réponse que vous me faites…

— Mais sans doute, répondit Adrienne, étonnée que l’on feignît de ne pas comprendre l’image dont elle s’était servie, ainsi