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sibylle de Cumes… Cela doit cacher quelque chose de redoutable.

— Peut-être, mademoiselle… car rien n’est plus redoutable pour certains caractères que l’obéissance, que le devoir, et votre caractère est du nombre de ces esprits enclins à la révolte…

— Je l’avoue naïvement… ma tante, et il en sera ainsi jusqu’au jour où je pourrai chérir l’obéissance et respecter le devoir.

— Que vous chérissiez, que vous respectiez ou non mes ordres, peu m’importe, mademoiselle, dit la princesse d’une voix brève et dure ; vous allez pourtant, dès aujourd’hui, dès à présent, commencer par vous soumettre, absolument, aveuglément, à ma volonté ; en un mot, vous ne ferez rien sans ma permission ; il le faut, je le veux, ce sera…

Adrienne regarda d’abord fixement sa tante, puis elle partit d’un éclat de rire frais et sonore qui retentit longtemps dans cette vaste pièce…

M. d’Aigrigny et le baron Tripeaud firent un mouvement d’indignation.

La princesse regarda sa nièce d’un air courroucé.

Le docteur leva les yeux au ciel et joignit les mains sur son abdomen en soupirant avec componction.