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Adrienne sourit, mais ne répondit rien.

Quelques secondes de silence et quelques regards, échangés de nouveau entre la princesse et ses trois amis, annoncèrent qu’à ces escarmouches plus ou moins brillantes allait succéder un combat sérieux.

Mademoiselle de Cardoville avait trop de pénétration, trop de sagacité pour ne pas remarquer que la princesse de Saint-Dizier attachait une grave importance à cet entretien décisif ; mais la jeune fille ne comprenait pas comment sa tante pouvait espérer de lui imposer sa volonté absolue ; les menaces de recourir à des moyens de coercition lui semblaient avec raison une menace ridicule. Néanmoins, connaissant le caractère vindicatif de sa tante, la puissance ténébreuse dont elle disposait, les terribles vengeances qu’elle avait quelquefois exercées ; réfléchissant enfin que des hommes dans la position du marquis et du médecin ne seraient pas venus assister à cet entretien sans de graves motifs, un moment la jeune fille réfléchit avant d’engager la lutte.

Mais bientôt, par cela même qu’elle pressentait vaguement, il est vrai, un danger quelconque, loin de faiblir, elle prit à cœur de le braver et d’exagérer, si cela était possible, l’indépendance de ses idées, et de maintenir,