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— Vous allez être satisfaite, mademoiselle ; je vais m’expliquer d’une façon très-nette, très-précise ; vous allez connaître le plan de la conduite que vous aurez à tenir désormais, et si vous refusiez de vous y soumettre avec l’obéissance et le respect que vous devez à mes ordres, je verrais ce qu’il me resterait à faire…

Il est impossible de rendre le ton impérieux, l’air dur de la princesse en prononçant ces mots qui devaient faire bondir une jeune fille jusqu’alors habituée à vivre, jusqu’à un certain point, à sa guise ; pourtant, peut-être contre l’attente de madame de Saint-Dizier, au lieu de répondre avec vivacité, Adrienne la regarda fixement et dit en riant :

— Mais c’est une véritable déclaration de guerre ; cela devient très-amusant…

— Il ne s’agit pas de déclaration de guerre, dit durement l’abbé d’Aigrigny, blessé des expressions de mademoiselle de Cardoville.

— Ah ! M. l’abbé, reprit celle-ci, vous, un ancien colonel, vous êtes bien sévère pour une plaisanterie… Vous qui devez tant à la guerre… vous qui, grâce à elle, avez commandé un régiment français, après vous être battu si longtemps contre la France… pour connaître le fort et le faible de ses ennemis, bien entendu.