Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/630

Cette page a été validée par deux contributeurs.

leur servit, au moyen âge, à transporter mystérieusement des valeurs considérables d’un bout à l’autre du monde, à dissimuler leur fortune, à la mettre à l’abri de la rapacité de leurs ennemis ; les juifs, disons-nous, ayant fait presque seuls le commerce du change et de l’argent jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, aidèrent beaucoup aux transactions secrètes et aux opérations financières de la famille Samuel, qui, jusqu’en 1820 environ, plaça toujours ses valeurs devenues progressivement immenses, dans les maisons de banque ou dans les comptoirs israélites les plus riches de l’Europe. Cette manière d’agir, sûre et occulte, avait permis au gardien actuel de la rue Saint-François d’effectuer, à l’insu de tous, par simples dépôts ou par lettres de change, des placements énormes, car c’est surtout lors de sa gestion que la somme capitalisée avait acquis, par le seul fait de l’accumulation, un développement presque incalculable, son père, et surtout son grand-père, n’ayant eu, comparativement à lui, que peu de fonds à gérer.

Quoiqu’il s’agît simplement de trouver successivement des placements assurés et immédiats, afin que l’argent ne restât pas pour ainsi dire un jour sans rapporter d’intérêt, il avait fallu une grande capacité financière pour arri-