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— Je parle de moi, ma tante : vous me reprochez d’être indépendante et résolue… Si j’allais, par hasard… devenir hypocrite et méchante, tenez… vrai… je préfère garder mes chers petits défauts, que j’aime comme des enfants gâtés… Je sais ce que j’ai… je ne sais pas ce que j’aurais.

— Pourtant, mademoiselle Adrienne, dit M. le baron Tripeaud d’un air suffisant et sentencieux, vous ne pouvez nier qu’une conversion…

— Je crois M. Tripeaud extrêmement fort sur la conversion de toute espèce de choses en toute espèce de bénéfices, par toute espèce de moyens, dit Adrienne d’un ton sec et dédaigneux ; mais il doit rester étranger à cette question.

— Mais, mademoiselle, reprit le financier en puisant du courage dans un regard de la princesse, vous oubliez que j’ai l’honneur d’être votre subrogé tuteur… et que…

— Il est de fait que M. Tripeaud a cet honneur-là, et je n’ai jamais trop su pourquoi, dit Adrienne avec un redoublement de hauteur, sans même regarder le baron ; mais il ne s’agit pas de deviner des énigmes ; je désire donc, ma tante, savoir le motif et le but de cette réunion.