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choisie pour y finir violemment ses jours, il y fit mander secrètement Isaac Samuel, et lui remit cinquante mille écus en or, seul débris de sa fortune passée ; ce fidèle serviteur devait faire valoir cette somme, en accumuler et en placer les intérêts ; s’il avait un fils, lui transmettre la même obligation ; à défaut de fils, il chercherait un parent assez probe pour continuer cette gérance, à laquelle serait d’ailleurs affectée une rétribution convenable ; cette gérance devait être ainsi transmise et perpétuée de proche en proche jusqu’à l’expiration d’un siècle et demi. M. de Rennepont avait en outre prié Isaac d’être pendant sa vie le gardien de la maison de la rue Saint-François, où il serait gratuitement logé, et de léguer ces fonctions à sa descendance, si cela était possible.

Lors même qu’Isaac Samuel n’aurait pas eu d’enfants, le puissant esprit de solidarité qui unit souvent certaines familles juives entre elles, aurait rendu praticable la dernière volonté de M. de Rennepont. Les parents d’Isaac se seraient associés à sa reconnaissance envers son bienfaiteur, et eux, ainsi que leurs générations successives, eussent accompli généreusement la tâche imposée à l’un des leurs ; mais Isaac eut un fils plusieurs années après la mort de M. de Rennepont.