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assuré qu’Isaac, qui faisait à Lisbonne un petit commerce de change, était probe, actif, laborieux, intelligent, M. de Rennepont, qui possédait alors de grands biens en France, proposa au juif de l’accompagner et de gérer sa fortune. L’espèce de réprobation et de méfiance dont les Israélites ont toujours été poursuivis, était alors à son comble. Isaac fut donc doublement reconnaissant de la marque de confiance que lui donnait M. de Rennepont.

Il accepta et se promit dès ce jour de vouer son existence tout entière au service de celui qui, après lui avoir sauvé la vie, avait foi en sa droiture et en sa probité, à lui juif, appartenant à une race si généralement soupçonnée, haïe et méprisée. M. de Rennepont, homme d’un grand cœur, d’un grand sens et d’un grand esprit, ne s’était pas trompé dans son choix. Jusqu’à ce qu’il fût dépossédé de ses biens, ils prospérèrent merveilleusement entre les mains d’Isaac Samuel, qui, doué d’une admirable aptitude pour les affaires, l’appliquait exclusivement aux intérêts de son bienfaiteur.

Vinrent les persécutions et la ruine de M. de Rennepont, dont les biens furent confisqués et abandonnés aux révérends pères de la compagnie de Jésus, ses délateurs, quelques jours avant sa mort. Caché dans la retraite qu’il avait