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nous éprouvant cruellement par la mort de notre fils ? N’est-ce pas grâce à sa providence que les trois générations de ma famille ont pu commencer, continuer et achever cette grande œuvre ?

— Oui, Samuel, dit affectueusement la juive, et du moins pour vous, à cette satisfaction se joindront le calme et la quiétude, car lorsque midi sonnera vous serez délivré d’une bien terrible responsabilité.

Et ce disant, Bethsabée indiqua du geste la caisse de cèdre.

— Il est vrai, reprit le vieillard, j’aimerais mieux savoir ces immenses richesses entre les mains de ceux à qui elles appartiennent qu’entre les miennes ; mais aujourd’hui je n’en serai plus dépositaire… je vais donc contrôler une dernière fois l’état de ces valeurs, et ensuite nous le collationnerons d’après mon registre et le carnet que vous tenez.

Bethsabée fit un signe de tête affirmatif. Samuel reprit la plume et se livra très-attentivement à ses calculs de banque ; sa femme s’abandonna de nouveau, malgré elle, aux souvenirs cruels qu’une date fatale venait d’éveiller en lui rappelant la mort de son fils.

Exposons rapidement l’histoire très-simple, et pourtant en apparence si romanesque, si