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qu’où vous pousseriez l’audace… car il n’y a qu’un monstrueux scélérat qui puisse venir se targuer de si épouvantables forfaits ; mais je veux bien croire qu’ils n’existent que dans votre imagination.

En prononçant ces mots avec une sorte d’animation qui ne lui était pas habituelle, Rodin se leva, et, tout en marchant, s’approcha peu à peu de la cheminée, pendant que Faringhea, ne revenant pas de sa surprise, le regardait en silence ; pourtant, au bout de quelques instants, il reprit d’un air sombre et farouche :

— Prenez garde, frère… ne me forcez pas à vous prouver que j’ai dit la vérité.

— Allons donc, monsieur, il faut venir des antipodes pour croire les Français si faciles à duper. Vous avez, dites-vous, la prudence du serpent et le courage du lion. J’ignore si vous êtes un lion courageux ; mais pour serpent prudent… je le nie. Comment ? vous avez une lettre de M. Josué qui peut me compromettre (en admettant que tout ceci ne soit pas une fable) ; le prince Djalma est plongé dans une torpeur qui sert mes projets et dont vous seul le pouvez faire sortir. Vous pouvez enfin, dites-vous, porter un coup terrible à mes intérêts, et vous ne réfléchissez pas, lion terrible, serpent