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meil, et on prolonge ainsi sans danger autant de temps que l’homme peut rester sans boire ni manger… trente ou quarante heures environ… Vous voyez combien l’usage de l’opium est grossier auprès de ce divin narcotique… J’en avais apporté de Java une certaine quantité… par simple curiosité… sans oublier le contrepoison.

— Ah ! il y a un contrepoison ? dit machinalement Rodin.

— Comme il y a des gens qui sont tout le contraire de ce que nous sommes, frère de la bonne œuvre… Les Javanais appellent le suc de cette racine le touboe ; il dissipe l’engourdissement causé par l’array-mow, comme le soleil dissipe les nuages… Or, hier soir, étant certain des projets de votre émissaire sur Djalma, j’ai attendu que ce médecin fût couché, endormi… Je me suis introduit en rampant dans sa chambre… et je lui ai fait aspirer une telle dose d’array-mow… qu’il doit dormir encore…

— Malheureux ! s’écria Rodin de plus en plus effrayé de ce récit, car Faringhea portait un coup terrible aux machinations du socius et de ses amis. Mais vous risquiez d’empoisonner ce médecin ?

— Frère… comme il risquait d’empoisonner Djalma. Ce matin nous sommes donc partis,