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sieur, dit Rodin en rongeant ses ongles, est de l’hébreu pour moi.

— Toujours, sans doute, à cause de mon accent… mais dites-moi… connaissez-vous l’array-mow ?

— Non.

— Tant pis, c’est une admirable production de l’île de Java, si fertile en poisons.

— Eh ! que m’importe ? dit Rodin d’une voix brève et pouvant à peine dissimuler son anxiété croissante.

— Cela vous importe beaucoup. Nous autres fils de Bhowanie, nous avons horreur de répandre le sang, reprit Faringhea ; mais pour passer impunément le lacet autour du cou de nos victimes, nous attendons qu’elles soient endormies… Lorsque leur sommeil n’est pas assez profond, nous l’augmentons à notre gré ; nous sommes très-adroits dans notre œuvre : le serpent n’est pas plus subtil, le lion plus audacieux. Djalma porte nos marques… L’array-mow est une poudre impalpable ; en en faisant respirer quelques parcelles pendant le sommeil, ou en le mêlant au tabac d’une pipe pendant qu’on veille, on jette sa victime dans un assoupissement dont rien ne peut la tirer. Si l’on craint de donner une dose trop forte à la fois, on en fait aspirer plusieurs fois durant le som-