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tentation d’étrangler ou d’empoisonner qui que ce soit. Un dernier mot : voulez-vous ou non me remettre les lettres de M. Josué ?

— Les lettres relatives au prince Djalma ? dit le métis.

Et il regarda fixement Rodin, qui, malgré une vive et subite angoisse, demeura impénétrable, et répondit le plus simplement du monde :

— Ignorant le contenu des lettres que vous retenez, monsieur, il m’est impossible de vous répondre. Je vous prie, et au besoin je vous requiers, de me remettre ces lettres… ou de sortir d’ici.

— Vous allez dans quelques minutes me supplier de rester, frère.

— J’en doute.

— Quelques mots feront ce prodige… Si tout à l’heure je vous parlais d’empoisonnement, frère, c’est que vous avez envoyé un médecin… au château de Cardoville pour empoisonner… momentanément, le prince Djalma.

Rodin, malgré lui, tressaillit imperceptiblement, et reprit :

— Je ne comprends pas…

— Il est vrai, je suis un pauvre étranger qui ai sans doute beaucoup d’accent ; pourtant je vais tâcher de parler mieux. Je sais, par les lettres de Josué, l’intérêt que vous avez à ce que