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aussi de l’homme un cadavre… La mort des hommes est douce à Bhowanie.

— Mais, monsieur, s’écria Rodin, M. Josué parle de l’âme… de la volonté, de la pensée, qui doivent être anéantis par la discipline.

— C’est vrai, les vôtres tuent l’âme… nous tuons le corps. Votre main, frère ; vous êtes, comme nous, chasseurs d’hommes.

— Mais, encore une fois, monsieur, il s’agit de tuer la volonté, la pensée, dit Rodin.

— Et que sont les corps privés d’âme, de pensée, sinon des cadavres ?… Allez, allez, frère, les morts que fait notre lacet ne sont pas plus inanimés, plus glacés que ceux que fait votre discipline. Allons, touchez là, frère… Rome et Bhowanie sont sœurs…

Malgré son calme apparent, Rodin ne voyait pas sans une secrète frayeur un misérable de l’espèce de Faringhea détenteur d’une longue lettre de Josué, où il devait être nécessairement question de Djalma. À la vérité, Rodin se croyait certain d’avoir mis le jeune Indien dans l’impossibilité d’être à Paris le lendemain ; mais, ignorant les relations qui avaient pu se nouer depuis le naufrage entre le prince et le métis, il regardait Faringhea comme un homme probablement fort dangereux.

Plus le socius était intérieurement inquiet,