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œuvre qui, répandus sur toute la terre, travaillent à la gloire de Rome, votre reine. Ceux de notre œuvre travaillent ainsi dans divers pays à la gloire de Bhowanie.

— Et quels sont ces fils de Bhowanie, M. Faringhea ?

— Des hommes résolus, audacieux, patients, rusés, opiniâtres, qui, pour faire triompher la bonne œuvre, sacrifient pays, père et mère, sœur et frère, et qui regardent comme ennemis tous ceux qui ne sont pas des leurs !

— Il me paraît y avoir beaucoup de bon dans l’esprit persévérant et religieusement exclusif de cette œuvre, dit Rodin d’un air modeste et béat… Seulement, il faudrait connaître ses fins et son but.

— Comme vous, frère… nous faisons des cadavres.

— Des cadavres ! s’écria Rodin.

— Dans sa lettre, répondit Faringhea, Josué vous dit : La plus grande gloire de notre ordre est de faire de l’homme un cadavre[1]. Notre œuvre fait

  1. Rappelons au lecteur que la doctrine de l’obéissance passive et absolue, principal levier de la compagnie de Jésus, se résume par ces mots terribles de Loyola mourant : Que tout membre de l’ordre soit dans les mains de ses supérieurs comme un cadavre, perinde ac cadaver.