Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/586

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le socius, impatienté de ce silence, et pressentant avec une vague inquiétude que l’arrivée de Faringhea avait quelque rapport direct ou indirect avec la destinée de Djalma, reprit en affectant le plus grand sang-froid :

— À qui, monsieur, ai-je l’honneur de parler ?

— Vous ne me reconnaissez pas ? dit Faringhea faisant deux pas vers la chaise de Rodin.

— Je ne crois pas avoir jamais eu l’honneur de vous voir, répondit froidement celui-ci.

— Et moi, je vous reconnais, dit Faringhea, je vous ai vu au château de Cardoville le jour du naufrage du bateau à vapeur et du trois-mâts.

— Au château de Cardoville ? c’est possible… monsieur, j’y étais en effet un jour de naufrage…

— Et ce jour-là je vous ai appelé par votre nom. Vous m’avez demandé ce que je voulais de vous… je vous ai répondu : Maintenant rien, frère ;… plus tard beaucoup… Le temps est venu… je viens vous demander beaucoup.

— Mon cher monsieur, dit Rodin toujours impassible, avant de continuer cet entretien, jusqu’ici passablement obscur, je désirerais savoir, je vous le répète, à qui j’ai l’avantage de parler… Vous vous êtes introduit ici sous prétexte d’une commission de M. Josué Van