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— Je ne peux pas combattre votre résolution, mais je vous prouverai que vous ignorez à quoi vous vous exposez…

— Je n’ignore rien ! dit le soldat d’un ton brusque. Ce que je tente est grave ; mais il ne sera pas dit que j’aie négligé un moyen, quel qu’il soit, d’accomplir ce que j’ai promis d’accomplir.

— Mon père, prends garde, encore une fois… tu ne sais pas à quel danger tu t’exposes ! dit le forgeron d’un air alarmé.

— Allons, parlons du danger, parlons du fusil du portier et de la faux du jardinier, dit Dagobert en haussant les épaules dédaigneusement, parlons-en, et que cela finisse… Eh bien ! après, supposons que je laisse ma peau dans ce couvent, est-ce que tu ne restes pas à ta mère ? Voilà vingt ans que vous avez l’habitude de vous passer de moi… ça vous coûtera moins…

— Et c’est moi, mon Dieu ! c’est moi qui suis cause de tous ces malheurs !… s’écria la pauvre mère. Ah ! Gabriel avait bien raison de me blâmer.

— Madame Françoise, rassurez-vous, dit tout bas la Mayeux qui s’était rapprochée de la femme de Dagobert, Agricol ne laissera pas son père s’exposer ainsi.