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en interrompant Dagobert. C’est vrai, mon père… et pourtant, toi qui te connais en courage, tu as reconnu la bravoure de Gabriel égale à la tienne ;… pour qu’il craigne tant ses supérieurs, il faut que le danger soit grand.

— Maintenant que j’ai entendu ta mère, je comprends tout…, dit Dagobert. Gabriel est comme Rose et Blanche, comme mademoiselle de Cardoville… comme ta mère, comme nous le sommes peut-être nous-mêmes, victimes d’une sourde machination de mauvais prêtres… Tiens, à cette heure que je connais leurs moyens ténébreux, leur persévérance infernale… je le vois, ajouta le soldat en parlant plus bas, il faut être bien fort pour lutter contre eux… Non, je n’avais pas d’idée de leur puissance…

— Tu as raison, mon père… car ceux qui sont hypocrites et méchants peuvent faire autant de mal, que ceux qui sont bons et charitables comme Gabriel… font de bien. Il n’y a pas d’ennemi plus implacable qu’un mauvais prêtre.

— Je te crois… et cela m’épouvante, car enfin mes pauvres enfants sont entre leurs mains… Faudrait-il les leur abandonner sans lutte ?… Tout est-il donc désespéré ?… Oh ! non… non… pas de faiblesses… et pourtant…