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preuve d’attachement, quoique je l’eusse ramassé orphelin dans la rue et élevé comme mon fils à force de privations et de travail… Alors, que voulez-vous ! le pauvre cher enfant, croyant combler tous mes vœux… s’est sacrifié. Il est entré au séminaire.

— Mais c’est horrible, dit Agricol, c’est une ruse infâme, et pour les prêtres qui s’en sont rendus coupables, c’est un mensonge sacrilège…

— Pendant ce temps-là, reprit Françoise, à moi, on me tenait un autre langage ; on me disait que Gabriel avait la vocation, mais qu’il n’osait me l’avouer, de peur que je ne fusse jalouse à cause d’Agricol qui, ne devant jamais être qu’un ouvrier, ne jouirait pas des avantages que la prêtrise assurait à Gabriel… Aussi, lorsqu’il m’a demandé la permission d’entrer au séminaire (cher enfant ! il n’y entrait qu’à regret, mais il croyait me rendre très-heureuse), au lieu de le détourner de cette idée, je l’ai, au contraire, engagé de tout mon pouvoir à la suivre… l’assurant qu’il ne pouvait mieux faire, que cela me causait une grande joie… Dame !… vous entendez bien, j’exagérais, tant je craignais qu’il ne me crût jalouse pour Agricol.

— Quelle odieuse machination ! dit Agricol,