Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/508

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Tes péchés, pauvre chère mère…, dit Agricol, en as-tu seulement jamais commis un seul ?

— Et Gabriel, que t’a-t-il dit ? demanda le soldat.

— Hélas ! mon ami, que n’ai-je eu plus tôt un entretien pareil avec lui !… Ce que je lui ai appris de l’abbé Dubois a éveillé ses soupçons ; alors il m’a interrogée, ce cher enfant, sur bien des choses dont il ne m’avait jamais parlé jusque-là… Je lui ai ouvert mon cœur tout entier, lui aussi m’a ouvert le sien, et nous avons fait de tristes découvertes sur des personnes que nous avions toujours crues bien respectables… et qui pourtant nous avaient trompés à l’insu l’un de l’autre…

— Comment cela ?

— Oui, on lui disait à lui, sous le sceau du secret, des choses censées venir de moi, et à moi, sous le sceau du secret, on me disait des choses comme venant de lui… Ainsi… il m’a avoué qu’il ne s’était pas d’abord senti de vocation pour être prêtre… Mais on lui a assuré que je ne croirais mon salut certain dans ce monde et dans l’autre que s’il entrait dans les ordres, parce que j’étais persuadée que le Seigneur me récompenserait de lui avoir donné un si excellent serviteur, et que pourtant je n’oserais jamais demander, à lui Gabriel, une pareille