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dans un si morne abattement, qu’aucune de ces trois personnes ne s’aperçut d’abord de l’entrée de Françoise.

Celle-ci fit à peine deux pas dans la chambre et tomba à genoux, les mains jointes, en disant d’une voix humble et faible :

— Mon pauvre mari… pardon…

À ces mots, Agricol et la Mayeux, qui tournaient le dos à la porte, se retournèrent, et Dagobert releva vivement la tête.

— Ma mère !… s’écria Agricol en courant vers Françoise.

— Ma femme ! s’écria Dagobert en se levant et faisant aussi un pas vers l’infortunée.

— Bonne mère !… toi à genoux ! dit Agricol en se courbant vers Françoise et l’embrassant avec effusion, relève-toi donc !

— Non, mon enfant, dit Françoise de son accent à la fois doux et ferme, je ne me relèverai pas avant que ton père… m’ait pardonné… J’ai eu de grands torts envers lui… maintenant je le sais…

— Te pardonner !… pauvre femme, dit le soldat ému en s’approchant. Est-ce que je t’ai jamais accusée… sauf dans un premier mouvement de désespoir ? Non… non… ce sont de mauvais prêtres que j’ai accusés… et j’avais raison… Enfin, te voilà, ajouta-t-il en aidant