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poir, à la position de cette pauvre mademoiselle de Cardoville, je voulus tenter encore une démarche ; je suis entré dans un poste de troupes de ligne commandé par un lieutenant… Je lui ai tout dit ; il m’a vu si ému, je lui parlais avec tant de chaleur, tant de conviction, que je l’ai intéressé… « — Lieutenant, lui disais-je, accordez-moi seulement une grâce, qu’un sous-officier et deux hommes se rendent au couvent afin d’en obtenir l’entrée légale. On demandera à voir les filles du maréchal Simon ; on leur laissera le choix de rester ou de rejoindre mon père qui les a amenées de Russie… et l’on verra si ce n’est pas contre leur gré qu’on les retient. »

— Et que t’a-t-il répondu, Agricol ? demanda la Mayeux pendant que Dagobert, haussant les épaules, continuait sa promenade.

— « Mon garçon, m’a-t-il dit, ce que vous me demandez là est impossible ; je conçois vos raisons, mais je ne peux pas prendre sur moi une mesure aussi grave. Entrer de force dans un couvent, il y a de quoi me faire casser. — Mais alors, monsieur, que faut-il faire ? c’est à en perdre la tête. — Ma foi, je n’en sais rien. Le plus sûr est d’attendre, » me dit le lieutenant… Alors, mon père, croyant avoir fait humainement ce qu’il était possible de faire, je