Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/485

Cette page a été validée par deux contributeurs.

regardant son fils avec angoisse, comprends-tu que je veuille avoir mes enfants aujourd’hui même ? Comprends-tu, ainsi que me l’a dit leur pauvre mère en mourant, qu’un jour de retard peut tout perdre ? Comprends-tu enfin que je ne peux pas me contenter d’un peut-être demain… quand je viens du fond de la Sibérie avec ces enfants… pour les conduire demain rue Saint-François ?… Comprends-tu enfin qu’il me les faut aujourd’hui, quand je devrais mettre le feu au couvent ?

— Mais, mon père, encore une fois, la violence…

— Mais, mordieu ! sais-tu ce que le commissaire de police m’a répondu ce matin, quand j’ai été lui renouveler ma plainte contre le confesseur de ta pauvre mère : Qu’il n’y a aucune preuve, que l’on ne pouvait rien faire.

— Mais maintenant il y a des preuves, mon père, ou du moins on sait où sont les jeunes filles… Avec cette certitude, on est bien fort… Sois tranquille, la loi est plus puissante que toutes les supérieures de couvent du monde.

— Et le comte de Montbron, à qui mademoiselle de Cardoville vous prie de vous adresser, dit la Mayeux, n’est-il pas un homme puissant ? Vous lui direz pour quelles raisons il est