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de nos faits… Je ne devais pas avoir l’air de le connaître le moins du monde… il devait me tenir au courant des variations de l’état moral de sa pénitente… afin que, par une médication très-inoffensive, du reste, car l’état de la malade est peu grave, il me fût possible de faire éprouver à celle-ci des alternatives de bien-être ou de mal-être assez sensibles, selon que son directeur serait content ou mécontent d’elle… afin qu’il pût lui dire : « Vous le voyez, madame : êtes-vous dans la bonne voie, la grâce réagit sur votre santé, et vous vous trouvez mieux… retombez-vous, au contraire, dans la voie mauvaise, vous éprouvez certain malaise physique, preuve évidente de l’influence toute-puissante de la foi, non seulement sur l’âme, mais sur le corps. »

— Il est sans doute pénible, dit M. d’Aigrigny avec un sang-froid parfait, d’être obligé d’en arriver à de tels moyens pour arracher les opiniâtres à la perdition ; mais il faut pourtant bien proportionner les modes d’action à l’intelligence ou au caractère des individus.

— Du reste, reprit le docteur, madame la princesse a pu observer, au couvent de Sainte-Marie, que j’ai maintes fois employé très-fructueusement, pour le repos et pour le salut de l’âme de quelques-unes de nos malades, ce