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de m’emporter, car nous ne pouvons nous entendre… Ce que vous dites est juste… et pourtant, moi, j’ai raison de parler comme je parle… Écoutez-moi… tu es un honnête homme, Agricol ; vous, une honnête fille, la Mayeux… Ce que je vais vous dire est pour vous seuls… J’ai amené ces enfants du fond de la Sibérie, savez-vous pourquoi ? Pour qu’elles se trouvent demain matin rue Saint-François… Si elles ne s’y trouvent pas, j’ai trahi le dernier vœu de leur mère mourante.

— Rue Saint-François, no 3 ! s’écria Agricol en interrompant son père.

— Oui… comment sais-tu ce numéro ? dit Dagobert.

— Cette date ne se trouve-t-elle pas sur une médaille en bronze ?

— Oui…, reprit Dagobert de plus en plus étonné. Qui t’a dit cela ?

— Mon père… un instant… s’écria Agricol. Laissez-moi réfléchir… je crois deviner… oui… et toi, ma bonne Mayeux, tu m’as dit que mademoiselle de Cardoville n’était pas folle…

— Non… on la retient malgré elle… dans cette maison, sans la laisser communiquer avec personne ;… elle a ajouté qu’elle se croyait, ainsi que les filles du maréchal Simon, victime d’une odieuse machination.