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vous venez sans doute de chez madame notre mère la supérieure ?

— Oui… oui, ma sœur…, répondit l’ouvrière en baissant les yeux, auriez-vous la bonté de me dire par où je dois sortir ?

— Venez avec moi…

La Mayeux suivit la sœur, tremblant à chaque pas de rencontrer la supérieure, qui se fût à bon droit étonnée et informée de la cause de son long séjour dans le couvent.

Enfin, la première porte du couvent se referma sur la Mayeux.

Après avoir traversé rapidement la vaste cour, s’approchant de la loge du portier, afin de demander qu’on lui ouvrît la porte extérieure, l’ouvrière entendit ces mots prononcés d’une voix rude :

— Il paraît, mon vieux Jérôme, qu’il faudra cette nuit redoubler de surveillance… Quant à moi, je vas mettre deux balles de plus dans mon fusil ; madame la supérieure a ordonné de faire deux rondes au lieu d’une…

— Moi, Nicolas, je n’ai pas besoin de fusil, dit l’autre voix ; j’ai ma faux bien aiguisée, bien tranchante, emmanchée à revers… C’est une arme de jardinier ; elle n’en est pas plus mauvaise.

Involontairement inquiète de ces paroles,