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qu’ils cachaient presque entièrement, les longues boucles de ses cheveux d’or. Dans cette attitude, penchée, remplie de grâce et d’abandon, le charmant et riche contour de sa taille se dessinait sous sa robe de moire d’un vert d’émail ; un large col fixé par un nœud de satin rose, et des manchettes plates en guipure magnifique, empêchaient que la couleur de sa robe tranchât trop vivement sur l’éblouissante blancheur de son cou de cygne et de ses mains raphaëlesques, imperceptiblement veinées de petits sillons d’azur ; sur son cou-de-pied, très-haut et très-nettement détaché, se croisaient les minces cothurnes d’un petit soulier de satin noir, car le docteur Baleinier lui avait permis de s’habiller avec son goût habituel, et, nous l’avons dit, la recherche, l’élégance, n’étaient pas pour Adrienne coutume de coquetterie, mais devoir envers elle-même, que Dieu s’était complu à faire si belle.

À l’aspect de cette jeune fille, dont elle admira naïvement la mise, la tournure charmantes, sans retour amer sur les haillons qu’elle portait et sur sa difformité à elle, pauvre ouvrière, la Mayeux se dit tout d’abord, avec autant de bon sens que de sagacité, qu’il était extraordinaire qu’une folle se vêtit si sagement et si gracieusement ; aussi ce fut avec autant