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on la croyait informée, ne l’avait pas entièrement pénétré, faute de quelques pièces cachées ou égarées.

Quel que fût le motif de la conduite odieuse des ennemis de mademoiselle de Cardoville, elle n’en était pas moins révoltée.

Rien n’était moins haineux, moins avide de vengeance que cette généreuse jeune fille ; mais en songeant à tout ce que madame de Saint-Dizier, l’abbé d’Aigrigny et le docteur Baleinier lui faisaient souffrir, elle se promettait non des représailles, mais d’obtenir, par tous les moyens possibles, une réparation éclatante. Si on la lui refusait, elle était décidée à poursuivre, à combattre sans repos ni trêve tant d’astuce, tant d’hypocrisie, tant de cruauté, non par ressentiment de ses douleurs, mais pour épargner les mêmes tourments à d’autres victimes, qui ne pourraient, comme elle, lutter et se défendre.

Adrienne, sans doute encore sous la pénible impression que venait de lui causer son entrevue avec Rose Simon, s’accoudait languissamment sur l’un des supports du banc rustique où elle était assise, et tenait ses yeux cachés sous sa main gauche. Elle avait déposé son chapeau à ses côtés, et la position inclinée de sa tête ramenait sur ses joues fraîches et polies,