Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/448

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rigueur, être tentée et même impunément exécutée, mais à la condition de ne pas se prolonger au-delà de certaines limites, parce qu’après tout une jeune fille de sa condition ne disparaissait pas brusquement du monde sans qu’au bout d’un certain temps l’on s’en informât, et alors un prétendu accès de folie soudaine donnait lieu à de sérieuses investigations. Juste ou fausse, cette conviction avait suffi pour redonner au caractère d’Adrienne son ressort et son énergie accoutumés.

Cependant, elle s’était quelquefois, en vain, demandé la cause de cette séquestration ; elle connaissait trop madame de Saint-Dizier pour la croire capable d’agir sans un but arrêté et d’avoir seulement voulu lui causer un tourment passager… En cela mademoiselle de Cardoville ne se trompait pas : le père d’Aigrigny et la princesse étaient persuadés qu’Adrienne, plus instruite qu’elle ne voulait le paraître, savait combien il lui importait de se trouver, le 13 février, rue Saint-François, et qu’elle était résolue à faire valoir ses droits. En faisant enfermer Adrienne comme folle, ils portaient donc un coup funeste à son avenir ; mais disons que cette dernière précaution était inutile, car Adrienne, quoique sur la voie du secret de famille qu’on avait voulu lui cacher, et dont