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s’élèverait au-dessus d’une offre relativement très-brillante.

La Mayeux était si naturellement portée à croire au bien, qu’elle s’arrêta à cette dernière pensée, se disant qu’après tout, si elle se trompait, ce serait pour la supérieure la manière la moins blessante de refuser ses offres indignes.

Par un mouvement qui n’avait rien de hautain, mais qui disait la conscience qu’elle avait de sa dignité, la jeune ouvrière, relevant la tête qu’elle avait jusqu’alors tenue humblement baissée, regarda la supérieure bien en face, afin que celle-ci pût lire sur ses traits la sincérité de ses paroles, et lui dit d’une voix légèrement émue et oubliant cette fois de dire ma mère :

— Ah ! madame… je ne puis vous reprocher de me faire subir une pareille épreuve… vous me voyez bien misérable, et je n’ai rien fait qui puisse me mériter votre confiance ; mais, croyez-moi, si pauvre que je sois, jamais je ne m’abaisserai à faire une action aussi méprisable que celle que vous êtes sans doute obligée de me proposer, afin de vous assurer par mon refus que je suis digne de votre intérêt. Non, non, madame, jamais, et à aucun prix, je ne serai capable d’une délation.