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extrême, le but constant de ses efforts étant d’enrichir, non pas elle, mais la communauté qu’elle dirigeait ; car l’esprit d’association, lorsqu’il est dirigé dans un but d’égoïsme collectif, donne aux corporations les défauts et les vices de l’individu.

Ainsi une congrégation aimera le pouvoir et l’argent, comme un ambitieux aime le pouvoir pour le pouvoir, comme le cupide aime l’argent pour l’argent… Mais c’est surtout à l’endroit des immeubles que les congrégations agissent comme un seul homme. L’immeuble est leur rêve, leur idée fixe, leur fructueuse monomanie ; elles le poursuivent de leurs vœux les plus sincères, les plus tendres, les plus chauds…

Le premier immeuble est pour une pauvre petite communauté naissante ce qu’est pour une jeune mariée sa corbeille de noces ; pour un adolescent, son premier cheval de course ; pour un poëte, son premier succès ; pour une lorette, son premier châle de cachemire ; parce qu’après tout, dans ce siècle matériel, un immeuble pose, classe, cote une communauté pour une certaine valeur à cette espèce de bourse religieuse, et donne une idée d’autant meilleure de son crédit sur les simples, que toutes ces associations de salut en commandite, qui