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était entouré des soins les plus tendres, les plus affectueux.

Ce n’était pas tout : la mère Sainte-Perpétue, supérieure du couvent, se chargeait aussi au nom de l’œuvre de procurer aux vrais fidèles qui désiraient préserver l’intérieur de leurs maisons de la corruption du siècle, soit des demoiselles de compagnie pour les femmes seules ou âgées, soit des servantes pour les ménages, soit enfin des ouvrières à la journée, toutes personnes dont la pieuse moralité était garantie par l’œuvre.

Rien ne semblerait plus digne d’intérêt, de sympathie et d’encouragement qu’un pareil établissement, mais tout à l’heure se dévoilera le vaste et dangereux réseau d’intrigues de toutes sortes que cachaient ces charitables et saintes apparences.

La supérieure du couvent, mère Sainte-Perpétue, était une grande femme de quarante ans environ, vêtue de bure couleur carmélite et portant un long rosaire à sa ceinture ; un bonnet blanc à mentonnière, accompagné d’un voile noir, embéguinait étroitement son visage maigre et blême ; une grande quantité de rides profondes et transversales sillonnaient son front couleur d’ivoire jauni ; son nez, à arête tranchante, se recourbait quelque peu en bec