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la figure brune et pâle de Florine paraissait toujours admirablement belle.

On l’a dit, placée par un passé criminel dans la dépendance absolue de Rodin et de M. d’Aigrigny, Florine leur avait jusqu’alors servi d’espionne auprès d’Adrienne, malgré les marques de confiance et de bonté dont celle-ci la comblait. Florine n’était pas complètement pervertie ; aussi éprouvait-elle souvent de douloureux, mais vains remords, en songeant au métier infâme qu’on l’obligeait à faire auprès de sa maîtresse.

À la vue de la Mayeux, qu’elle reconnut (Florine lui avait appris la veille l’arrestation d’Agricol et le soudain accès de folie de mademoiselle de Cardoville), elle recula d’un pas, tant la physionomie de la jeune ouvrière lui inspira d’intérêt et de pitié. En effet, l’annonce d’un chômage forcé, au milieu de circonstances déjà si pénibles, portait un terrible coup à la jeune ouvrière ; les traces de larmes récentes sillonnaient ses joues ; ses traits exprimaient à son insu une désolation profonde, et elle paraissait si épuisée, si faible, si accablée, que Florine s’avança vivement vers elle, lui offrit son bras, et lui dit avec bonté en la soutenant :

— Entrez, mademoiselle, entrez… Reposez-