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vie commune avec l’homme qu’elles choisissent, lorsque celui-ci peut suffire à cette dépense ; alors, et durant ce temps de plaisir et de fainéantise, la lèpre incurable de l’oisiveté envahit à tout jamais ces malheureuses.

Ceci est la première phase de la dégradation que la coupable insouciance de la société impose à un nombre immense d’ouvrières, nées pourtant avec des instincts de pudeur, de droiture et d’honnêteté.

Au bout d’un certain temps, leur amant les délaisse, quelquefois lorsqu’elles sont mères.

D’autres fois, une folle prodigalité conduit l’imprévoyant en prison ; alors la jeune fille se trouve seule, abandonnée, sans moyens d’existence.

Celles qui ont conservé du cœur et de l’énergie se remettent au travail… le nombre en est bien rare.

Les autres… poussées par la misère, par l’habitude d’une vie facile et oisive, tombent alors jusqu’aux derniers degrés de l’abjection.

Et il faut encore plus les plaindre que les blâmer de cette abjection, car la cause première et virtuelle de leur chute était l’insuffisante rémunération de leur travail, ou le chômage[1].

  1. Nous lisons dans un excellent mémoire, rempli de