Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/378

Cette page a été validée par deux contributeurs.

elle lui dit vivement en se jetant à son cou :

— Moi ? un autre amant… jamais ! car je suis comme toi, maintenant je vois combien je t’aime.

— Mais pour vivre ?… ma pauvre Céphyse ! pour vivre ?

— Eh bien !… j’aurai du courage, j’irai habiter avec ma sœur comme autrefois… je travaillerai avec elle ; ça me donnera toujours du pain… Je ne sortirai que pour aller te voir… D’ici à quelques jours, l’homme d’affaires, en réfléchissant, pensera que tu ne peux pas lui payer dix mille francs, et il te fera remettre en liberté ; j’aurai repris l’habitude du travail… tu verras… tu verras ! tu reprendras aussi cette habitude ; nous vivrons pauvres, mais tranquilles ;… après tout, nous nous serons au moins bien amusés pendant six mois… tandis que tant d’autres n’ont de leur vie connu le plaisir ; crois-moi, mon bon Jacques, ce que je te dis est vrai… Cette leçon me profitera. Si tu m’aimes, n’aie pas la moindre inquiétude ; je te dis que j’aimerais cent fois mieux mourir que d’avoir un autre amant.

— Embrasse-moi…, dit Jacques, les yeux humides, je te crois… je te crois… tu me redonnes du courage… et pour maintenant et pour plus tard ;… tu as raison, il faut tâcher de nous