Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/372

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sauts, la jambe gauche repliée, la jambe droite lancée en avant, la pointe du pied en l’air et le talon glissant sur le plancher ; de plus il frappait sa nuque de sa main gauche, tandis que, par un mouvement simultané, il étendait vivement son bras droit comme s’il eût voulu jeter de la poudre aux yeux de ses vis-à-vis.

Ce départ eut le plus grand succès, on l’applaudissait bruyamment, quoiqu’il ne fût que l’innocent prélude du pas de la tulipe orageuse, lorsque tout à coup la porte s’ouvrit ; un des garçons, ayant un instant cherché Couche-tout-Nu des yeux, courut à lui et lui dit quelques mots à l’oreille.

— Moi ! s’écria Jacques en riant aux éclats, quelle farce !

Le garçon ayant ajouté quelques mots, la figure de Couche-tout-Nu exprima tout à coup une assez vive inquiétude, et il répondit au garçon :

— À la bonne heure !… j’y vais.

Et il fit quelques pas vers la porte.

— Qu’est-ce qu’il y a donc, Jacques ? demanda la reine Bacchanal avec surprise.

— Je reviens tout de suite… quelqu’un va me remplacer ; dansez toujours, dit Couche-tout-Nu.

Et il sortit précipitamment.