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obligée de dévorer, pour ne pas éveiller ses soupçons ; moi… moi avoir tant supporté jusqu’ici… car cette Adrienne a pris comme à tâche, l’imprudente… de m’irriter contre elle…

— Qui vous offense… m’offense… vous le savez, mes haines sont les vôtres…

— Et vous-même… combien de fois avez-vous été en butte à sa poignante ironie !

— Mes instincts m’ont rarement trompé ;… je suis certain que cette jeune fille peut être pour nous un ennemi dangereux… très-dangereux, dit le marquis d’une voix brève et dure.

— Aussi faut-il qu’elle ne soit plus à craindre, répondit madame de Saint-Dizier en regardant fixement le marquis.

— Avez-vous vu le docteur Baleinier et le subrogé tuteur, M. Tripeaud ? demanda-t-il.

— Ils seront ici ce matin… je les ai avertis de tout.

— Vous les avez trouvés bien disposés contre elle ?

— Parfaitement… Ce qui est précieux, c’est qu’Adrienne ne se défie en rien du docteur, qui a toujours su conserver sa confiance… Du reste, une circonstance qui me semble inexplicable vient encore à notre aide.

— Que voulez-vous dire ?

— Ce matin, madame Grivois est allée, selon