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en guise de coupe antique, un bol à punch rempli de vin, car il méprisait les verres ordinaires qu’il appelait dédaigneusement, en raison de leur médiocre capacité, des gorgettes.

— Il médite…, reprit Rose-Pompon, Nini-Moulin médite, attention…

— Il médite… il est donc malade !

— Qu’est-ce qu’il médite ? un pas chicard ?

— Une pose anacréontique et défendue ?

— Oui, je médite, reprit gravement Dumoulin, je médite sur le vin en général et en particulier… le vin, dont le divin Bossuet (Dumoulin avait l’énorme inconvénient de citer Bossuet lorsqu’il était ivre), le vin, dont le divin Bossuet, qui était connaisseur, a dit : Dans le vin est le courage, la force, la joie, l’ivresse spirituelle[1]… (quand on a de l’esprit, bien entendu), ajouta Nini-Moulin en manière de parenthèse.

— Alors j’adore ton Bossuet, dit Rose-Pompon.

— Quant à ma méditation particulière, elle porte sur la question de savoir si le vin des noces de Cana était rouge ou blanc… tantôt j’interroge le vin blanc, tantôt le rouge… tantôt tous les deux à la fois.

  1. Bossuet, Méditations sur l’Évangile, VIe jour, tome IV.