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— Tenez, mademoiselle, dit Couche-tout-Nu en interrompant encore la Mayeux et lui donnant une bourse, prenez… tout est payé d’avance ici, voilà le restant de mon sac ; il y a là dedans vingt-cinq ou trente napoléons ; je ne peux pas mieux les finir qu’en m’en servant pour un camarade dans la peine. Donnez-les au père d’Agricol ; il fera les démarches nécessaires, et demain Agricol sera à sa forge… où j’aime mieux qu’il soit que moi.

— Jacques, embrasse-moi tout de suite, dit la reine Bacchanal.

— Tout de suite, et encore, et toujours, dit Jacques en embrassant joyeusement la reine.

La Mayeux hésita un moment ; mais songeant qu’après tout cette somme, qui allait être follement dissipée, pouvait rendre la vie et l’espoir à la famille d’Agricol, songeant enfin que ces cinq cents francs remis plus tard à Jacques lui seraient peut-être alors d’une utile ressource, la jeune fille accepta, et, les yeux humides, dit en prenant la bourse :

— M. Jacques, j’accepte… vous êtes généreux et bon ; le père d’Agricol aura du moins aujourd’hui cette consolation à de bien cruels chagrins… merci, oh ! merci.

— Il n’y a pas besoin de me remercier, ma-