Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/341

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il m’a donné mes joies comme il t’a donné les tiennes…

— Tes joies ?

— Oui, et de grandes ;… sans elles… la vie me serait trop lourde… je n’aurais pas le courage de la supporter.

— Je te comprends, dit Céphyse avec émotion, tu trouves encore moyen de te dévouer pour les autres, et cela adoucit tes chagrins.

— Je fais du moins tout mon possible pour cela, quoique je puisse bien peu ; mais aussi quand je réussis, ajouta la Mayeux en souriant doucement, je suis heureuse et fière comme une pauvre petite fourmi qui, après bien des peines, a apporté un gros brin de paille au nid commun… Mais ne parlons plus de moi…

— Si… parlons-en, je t’en prie, et au risque de te fâcher, reprit timidement la reine Bacchanal, je vais te faire une proposition que tu as déjà repoussée… Jacques[1] a, je crois, encore de l’argent… nous le dépensons en folies… donnant çà et là à de pauvres gens quand l’occasion se rencontre… Je t’en supplie, laisse-moi venir à ton aide… je le vois à ta

  1. Nous rappelons au lecteur que Couche-tout-Nu se nommait Jacques Rennepont, et faisait partie de la descendance de la sœur du Juif Errant.