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amaigrie par les privations et par les veilles, à peine vêtue d’une mauvaise robe de toile usée, rapiécée…

— Ah ! ma sœur ! te revoir ainsi !…

Et ne pouvant prononcer un mot de plus, la reine Bacchanal se jeta au cou de la Mayeux en fondant en larmes.

Et au milieu de ses sanglots, elle ajouta :

— Pardon !… pardon !…

— Qu’as-tu, ma bonne Céphyse ? dit la jeune ouvrière, profondément émue, et se dégageant doucement des étreintes de sa sœur ; tu me demandes pardon… et de quoi ?

— De quoi ? reprit Céphyse en relevant son visage inondé de larmes et pourpre de confusion, n’est-il pas honteux à moi d’être vêtue de ces oripeaux, de dépenser tant d’argent en folies… lorsque tu es ainsi vêtue, lorsque tu manques de tout… lorsque tu meurs peut-être de misère et de besoin, car je n’ai jamais vu ta pauvre figure si pâle, si fatiguée…

— Rassure-toi, bonne sœur… je ne me porte pas mal… j’ai un peu veillé cette nuit… voilà pourquoi je suis pâle… mais… je t’en prie, ne pleure pas… tu me désoles…

La reine Bacchanal venait d’arriver radieuse au milieu d’une foule enivrée, et c’était la Mayeux qui la consolait…