Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/326

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la reine Bacchanal trônait en souveraine, pendant qu’on la saluait de ces cris répétés par la foule : Vive la reine Bacchanal !

Cette seconde voiture, landau découvert comme la première, ne contenait que les quatre coryphées du pas de la tulipe orageuse, Nini-Moulin, Rose-Pompon, Couche-tout-Nu et la reine Bacchanal.

Dumoulin, cet écrivain religieux qui voulait disputer madame de la Sainte-Colombe à l’influence des amis de M. Rodin, son patron, Dumoulin, surnommé Nini-Moulin, debout sur les coussins de devant, eût offert un magnifique sujet d’étude à Callot ou à Gavarni, cet éminent artiste qui joint à la verve mordante et à la merveilleuse fantaisie de l’illustre caricaturiste, la grâce, la poésie et la profondeur d’Hogarth.

Nini-Moulin, âgé de trente-cinq ans environ, portait très en arrière de la tête un casque romain en papier d’argent ; un plumeau à manche de bois rouge, surmonté d’une volumineuse touffe de plumes noires, était planté sur le côté de cette coiffure dont il rompait agréablement les lignes peut-être trop classiques.

Sous ce casque s’épanouissait la face la plus rubiconde, la plus réjouissante, qui ait jamais été empourprée par les esprits subtils d’un vin