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— Et quelle danse !

— Oh oui ! Voilà qui est à la fois déchaîné, onduleux et serpenté. Il n’y a pas une bayadère pareille sous la calotte des cieux !

— Gobinet, rendez-moi tout de suite mon châle… vous me l’avez déjà assez abîmé en vous en faisant une ceinture autour de votre gros corps ; je n’ai pas besoin de périr mes effets pour de gros êtres qui appellent les autres femmes des bayadères.

— Voyons, Céleste, calme ta fureur… je suis déguisé en Turc ; en parlant de bayadères, je reste dans mon rôle ou à peu près.

— Ta Céleste est comme les autres, va, Gobinet, elle est jalouse de la reine Bacchanal.

— Jalouse ! moi ? Ah ! par exemple… Si je voulais être aussi effrontée qu’elle, on parlerait de moi tout autant… Après tout, qu’est-ce qui fait sa réputation ? C’est qu’elle a un sobriquet.

— Quant à cela, tu n’as rien à lui envier… puisqu’on t’appelle Céleste !

— Vous savez bien, Gobinet, que Céleste est mon nom…

— Oui, mais il a l’air d’un sobriquet quand on te regarde.

— Gobinet, je mettrai encore ça sur votre mémoire…