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Mais le soldat, en réfléchissant, s’était convaincu que la seule influence du confesseur de Françoise avait pu la déterminer à agir ou à se taire ; aussi reprit-il avec assurance :

— J’accuse le confesseur de ma femme d’être l’auteur ou le complice de l’enlèvement des filles du maréchal Simon.

Françoise poussa un douloureux gémissement et cacha sa figure dans ses mains, pendant que la Mayeux, qui s’était rapprochée d’elle, tâchait de la consoler.

Le magistrat avait écouté la déposition de Dagobert avec un étonnement profond ; il lui dit sévèrement :

— Mais, monsieur… n’accusez-vous pas injustement un homme revêtu d’un caractère on ne peut plus respectable… un prêtre ?… Monsieur… il s’agit d’un prêtre… je vous avais prévenu… vous auriez dû réfléchir… Tout ceci devient de plus en plus grave ;… à votre âge… une légèreté serait impardonnable…

— Hé, mordieu ! monsieur, dit Dagobert avec impatience, à mon âge on a le sens commun ; voici les faits : Ma femme est la meilleure, la plus honorable des créatures… Parlez-en dans le quartier, on vous le dira ;… mais elle est dévote ; mais depuis vingt ans elle ne voit que par les yeux de son confesseur… Elle adore son